A partir de 1945, le contexte traumatique d’après guerre et le développement des Sciences Humaines et de la psychanalyse, permettent d’appréhender différemment les troubles psychologiques chez l’enfant. Aussi, des organismes de dépistage et de soins en ambulatoire s’appuyant sur des disciplines telle que la psychopédagogie, sont-ils créés. En février 1963, un décret officialise la création des CMPP, structures gérées principalement par des associations loi 1901. En janvier 1972, le CMPP de la Nièvre, 58e à voir le jour en France, intègre ses nouveaux locaux au 10 impasse des Ursulines à Nevers.
Commande du Préfet de la Nièvre dont la coordination des travaux est assurée par le Conseil Général, ce bâtiment émerge dans une période économique morose et symbolise alors modernité et développement pour tout le département tant ses apports futurs en termes d’emploi, de santé et de formation sont prometteurs.
Le projet du CMPP se concrétise au moment où Daniel Chenut intensifie son activité professionnelle dans la Nièvre. Armand Inconnu arrive en effet en fin de carrière et laisse peu à peu l’agence à son successeur. A cette période, 1968-1969, d’autres équipements de santé sont en cours : plan directeur et unité de rotations du centre hospitalier de Nevers, hôpital de Decize, maison de retraite de Corcelles à Marzy.
Le chantier du CMPP débute en septembre 1970. L’immeuble de bureaux vient s’intégrer aux abords de la place Chaméane, à proximité de l’ancien couvent des Ursulines devenu lycée technique avant d’être reconverti en 1983 en centre culturel (médiathèque et conservatoire de musique) par l’architecte Denis Froidevaux, dans le cadre d’un « Contrat Ville Moyenne ». Il est inséré en centre ville, situation pratique pour les usagers bénéficiant de possibilités de transport variées, stratégique de surcroît, dans un quartier accueillant de nombreuses administrations publiques (Préfecture, Conseil Général...).
Implanté au centre d’une petite parcelle de terrain de 800 m2, le bâtiment est un parallélépipède de 20,40 m de long sur 9,90 m de large. Orienté Sud-Est, il se situe en retrait de la voie, à environ 4,5 m, ce qui lui permet, à l’avant, de bénéficier d’un petit parking pour le personnel proposant des emplacements vélos et six places de stationnement pour voitures.
Il est bâti sur sous-sol, accessible de l’intérieur et de l’extérieur, comprenant chaufferie, local archives, deux grandes salles d’activités, deux caves et deux dépôts étroits. Il se développe sur quatre étages et s’achève par une toiture-terrasse gravillonnée qui accueille une petite surélévation visible en façade Nord, donnant accès à la machinerie de l’ascenseur.
La vaste entrée centrale au rez-de-chaussée ouvre sur un confortable hall qui permet d’atteindre les étages au moyen d’un escalier ou d’un ascenseur. Deux logements de fonction (T3 et T4) composés d’une cuisine, d’une salle de bain, d’un séjour et de chambres enserrent cet espace et dis- posent d’entrées privatives discrètes en façades Nord et Est. Le premier étage abrite le véritable accueil avec comptoir ouvert sur une vaste salle d’attente équipée de sanitaires en partie droite, et huit bureaux : quatre de petites surfaces sont dédiés au secrétariat et à la comptabilité, les quatre autres, plus spacieux, sont destinés aux directions, secrétariat médical et assistante sociale.
Les 2e et 3e étages suivent sensiblement la même distribution intérieure. Les escalier et ascenseur mènent à un espace d’attente prolongé par un dégagement qui desservent des vestiaires, sanitaires et bureaux/salles d’examen médical : huit pour le 2e étage (pédiatre, audiométrie, ophtalmologie, neuropsychiatrie, pédagogie, deux psychologues, cabinet médical), dix pour le 3e (orthophoniste, bibliothèque, huit rééducateurs). Enfin, le 4e étage loge deux salles de psycho- motricité occupant chacun des pignons, accompagnées de vestiaires et sanitaires, et, au centre, desservis par un couloir, quatre bureaux (deux rééducateurs, deux psychologues) et une salle de reprographie.
La structure du CMPP, de facture classique, est formée de quatre séries de six poteaux-poutres en béton armé. Les murs extérieurs sont réalisés en agglomérés creux de béton de 20 x 20 cm.
L’isolation thermique et les économies d’énergie n’étant pas à l’époque une préoccupation majeure, le confort intérieur repose essentiellement sur la qualité de l’éclairage naturel et sur certains détails de conception et finitions. En effet, grâce aux nombreuses ouvertures en façades, tous les espaces intérieurs bénéficient d’un éclairement naturel confortable. Les pièces en sous-sol et lieux de passage (escaliers, dégagements) sont eux aussi concernés (soupiraux, verrière puis ensembles de trois petites baies au niveau de chaque palier de l’escalier, skydomes au 4e étage).
L’aménagement intérieur par ailleurs intègre quelques parois courbes (cloisons de l’accès escalier donnant sur les salles d’attente, banque d’accueil) pour gagner en fluidité de déplacement et douceur. Les garde-corps béton des escaliers extérieurs en façade Nord reprennent également ce traitement.
Les revêtements de sol variés enfin ont été sélectionnés avec soin, respectant scrupuleusement l’usage de chaque pièce (Dalflex et Tapiflex pour les bureaux, dégagements, vestiaires et sanitaires, Taraflex pour les salles d’activités, mosaïque, parquet et Tapisom dans les logements). L’entrée est particulièrement valorisée avec un hall en pierre de Bourgogne provenant de Comblanchien et l’escalier en Granito beige clair.
Qualifié de « très banal cube de béton » par la presse de l’époque, ce bâtiment de bureaux offre néanmoins des façades travaillées, rythmées rigoureusement par de multiples ouvertures qui lui confèrent un intérêt remarquable. De largeur identique (64 cm), les fenêtres varient de hauteur (60 cm ou 1,60 m), se présentent avec ou sans allège colorée, sont indépendantes ou associées par deux, trois ou quatre, allant même jusqu’à former des bandeaux vitrant intégralement les pignons du 1er étage et la façade Sud du 2e étage. Cette diversité de traitement, ces combinaisons de lignes, produisent ainsi un effet dynamique et tonique en façade, rehaussé par l’emploi judicieux de la couleur (enduits des encadrements, allèges et appuis des fenêtres, arêtes de la structure béton apparente).
La mise en œuvre de menuiseries PVC blanches avec volets roulants intégrés, par la largeur des profils et leur couleur, fait désormais perdre aux façades une partie du «relief initial» subtilement marqué à l’origine.
Pour des raisons d’accessibilité et de sécurité, le CMPP a subi quelques modifications extérieures importantes. On peut noter l’ajout d’un escalier hélicoïdal métallique en façade Ouest ou en- core la transformation radicale de l’entrée se faisant initialement au niveau du sol avec un emmarchement prévu dans le hall. Encore subsiste-t-il un doute quant à la réalisation de l’emmarchement à l’intérieur du hall, au vu de la photographie de façade parue dans le Journal du Centre la veille de l’inauguration. Cinq marches de béton ou l’imposante rampe métallique pour Personnes à Mobilité Réduite qui longe la façade du bâtiment permettent d’accéder aujourd’hui au niveau rez-de-chaussée.
Le centre médico-psycho-pédagogique abrite aujourd’hui un des trois sites d'action médico-sociale de Nevers gérés par le Département de la Nièvre.