Histoire de l'édifice et contexte urbain
Le théâtre municipal de Cosne-sur-Loire prend place sur l’ancienne chapelle du couvent des Augustins, transformée juste après la Révolution en tribunal au rez-de-chaussée. Quelques années plus tard, en 1806, une salle de spectacle est aménagée à l’étage, qui devient, en 1830, un véritable théâtre.
Lorsque le tribunal est transféré dans le tout nouveau palais de justice édifié place de Loire, en 1862, la façade principale du bâtiment est refaite et se voit alors ornée de quatre masques sculptés.
Après un incendie dévastateur, le 15 décembre 1922, le théâtre est réhabilité mais pour accueillir cette fois le collège puis diverses associations locales dont le Grenier du Nohain, troupe théâtrale et école de théâtre.

Aujourd'hui l'édifice abrite des logements locatifs dans les étages, des salles d'activités et bureaux en rez-de-chaussée.

Dominant les immeubles alentours, l’ancien théâtre présente toujours sa façade remarquable, décorée au XIXe siècle. Situé dans le centre historique de la ville, il fait face au site de l’ancien château Il s’accole dans sa partie nord à des maisons en bande, dégageant une courette intérieure. Au sud, il est séparé du bâtiment de la Poste par une étroite rue piétonne. Son pignon ouest domine une place arborée accueillant des parkings. Il est également proche de la Loire même si celle-ci n’est pas visible de l’espace public.
C’est une construction notable du quartier qui demande une attention particulière quant au traitement de ses extérieurs.
Le bâtiment s’élève sur 3 niveaux, un rez-de-chaussée comprenant 3 locaux ayant leur propre accès, et deux entrées menant aux étages totalisant chacun une superficie d’environ 300m2 y compris les circulations verticales.

Parti architectural
Extérieur
Suggéré dans le programme, le parti d’investir la longue façade sud pour accrocher les terrasses des logements s’est imposé naturellement : le pignon sur le parking ferme l’ancienne place et la façade principale ne supporte aucune concurrence.
Des extensions en métal qui ondulent le long de la façade sud et viennent mourir doucement vers la place de la Résistance ont donc été imaginées. Leur dessin, renforcé par l’utilisation d’un matériau translucide aux couleurs bleu, vert et gris suggérant les tonalités changeantes de la Loire, rappelle les cours d’eau à proximité. Ce matériau (polycarbonate) laisse passer la lumière tout en protégeant les usagers des regards.

Intérieur
Afin de répondre à la performance thermique demandée et de satisfaire les recommandations de l’AVAP (Aire de mise en Valeur de l'Architecture et du Patrimoine), l’isolation par l’intérieur s’est imposée réduisant par la même les surfaces disponibles déjà justes. Le parti pris a donc été de rejeter les circulations communes à l’extérieur, en façade arrière, pour investir les deux plateaux existants sans utiliser les combles.

En ce qui concerne les accès-circulations, les choix suivants ont été opérés :
- une seule entrée sur rue, l’ascenseur et un seul escalier métallique desservent les 8 logements pour une meilleure lisibilité,
- deux entrées intérieures à l’arrière pour des logements à double orientation,
- des passerelles en oblique pour un recul par rapport à la façade arrière et aux chambres et éviter ainsi les nuisances sonores liées à la déambulation.

Les logements se distribuent par deux, à chaque entrée, pour les deux niveaux. Cette disposition offre une double orientation permettant une aération plus facile des logements. Les espaces de vie sont tournés principalement vers le sud et ouvrent sur les terrasses suffisamment larges pour accueillir une table de jardin. Chaque terrasse est séparée de sa voisine par le même matériau utilisé pour les garde-corps, préservant du vis-à-vis et en grande partie du vue-à-vue.
Les cuisines ouvrent directement sur les séjours et disposent d’un cellier à proximité immédiate.
Les chambres ont été volontairement rejetées vers l’arrière quand le bâtiment le permettait, protégées de l’espace de vie par une zone tampon de distribution.

Qualité environnementale
Le projet est à la fois tourné vers l’extérieur par l’apport des terrasses dominant le paysage ligérien et intimiste par ses garde-corps protégeant les usagers des regards extérieurs.

La façade ornementale sur la ville a été nettoyée et les persiennes conservées.

La cour intérieure, ne recevant guère de soleil, est minéralisée au maximum avec des massifs de plantations constituées de fougères et de graminées, ne demandant qu’un entretien annuel, et quelques bulbes géants. Quelques grimpantes se lancent à l’assaut des supports des passerelles (clématites, hydrangeas).

Les intérieurs des logements ont reçu des teintes claires et pour reprendre les couleurs ligériennes, des tons sable clair ont été privilégiés, en harmonie avec les garde-corps.
Les planchers bois existants ont été conservés et vitrifiés dans la mesure du possible.
Une attention particulière a été apportée lors de la pose des cloisons séparatives pour obtenir la meilleure insonorisation entre les logements.


(Dominique Maringe ; CAUE de la Nièvre)