Architecture du XXe de la Nièvre

Actuellement désaffecté, ce silo à grains fut construit avec des fonds du plan Marshall d’après un modèle américain.

Un bâtiment administratif et des magasins complétaient cet équipement salué à l’époque pour sa grande technicité.

La structure est classique pour un tel édifice (poteaux-poutres en béton armé avec remplissage de briques). Ses formes le sont moins, évoquant nettement l’image d’un navire : la « proue » entièrement vitrée de l’escalier et l’étagement des niveaux en font un exemple remarquable de l’architecture agricole de l’après-guerre.

Depuis le poste de commandement au rez-de-chaussée, il était possible de contrôler tous les flux au moyen d’élévateurs, d’aspirateurs, de machines trieuses, de ventilateurs ou de tapis roulants qui acheminaient le grain jusqu’aux cellules.

Depuis le déchargement à l’arrière du bâtiment, le passage dans les trois niveaux de sous-sols jusqu’au stockage dans les trois étages principaux, toutes les opérations étaient automatisées, ce qui était alors complètement inédit en France.

Le quatrième niveau abritait la salle des machines.

La forme des cellules équipées d’une trémie dans leur partie inférieure (en entonnoirs) leur permettait de se vider naturellement. Ces différents procédés autorisaient un brassage aisé et salutaire, utile à la bonne conservation du grain.

Malgré sa modernité, les capacités de stockage limitées ont contribué à accélérer la désuétude de l’édifice, qui fut remplacé par un nouveau silo en 1985.

Ce patrimoine imposant, cerné par la voie ferrée et une zone essentiellement résidentielle, conserve sa stature de vigile repérable à des kilomètres à la ronde - autant que les clochers de l’ancien site bénédictin.

Un projet de reconversion a envisagé d’exploiter la rationalité de l’organisation intérieure en aménageant des plateaux à destination de différentes activités ; il n’a pour le moment pas abouti.

Extrait du Guide d'architecture en Bourgogne 1893-2007- Éditions Picard -  2008