Incontournables du paysage culturel français, les musées trouvent leurs origines dans le fait de conserver, ranger et étudier des documents ou des objets.
Etymologiquement « temple des muses », ces équipements culturels sont devenus au fil des siècles des lieux de vie mais aussi des supports de transmission de savoirs pour lesquels Etat et collectivités n’ont de cesse de capter des publics toujours plus larges.
Au cœur des politiques publiques, ils font l’objet d’enjeux dépassant leurs propres murs, portant des projets tels que le développement de la lecture publique et l’accès à la culture pour tous et sous toutes ses formes, notamment en milieu rural.
Une institution au service de la société
« Un musée est une institution permanente, à but non lucratif et au service de la société, qui se consacre à la recherche, la collecte, la conservation, l’interprétation et l’exposition du patrimoine matériel et immatériel. Ouvert au public, accessible et inclusif, il encourage la diversité et la durabilité. Les musées opèrent et communiquent de manière éthique et professionnelle, avec la participation de diverses communautés. Ils offrent à leurs publics des expériences variées d’éducation, de divertissement, de réflexion et de partage de connaissances. » C’est ainsi que l’ICOM (International Council of Museums) définit le musée depuis août 2022.
Nous sommes bien loin de l’image que les musées ont portée jusqu’au 20ème siècle, temples des muses réservés, si ce n’est à une élite, tout du moins à des initiés défilant devant des pièces de collection accrochées ou alignées les unes contre les autres. On ne parlait encore pas d’interprétation, de médiation ou encore d’expériences de visite...
Diversification thématique et lexicologique
Traditionnellement, les musées sont répartis en neuf grandes catégories : les musées d'archéologie, d'art, des Beaux-Arts, des arts décoratifs, d'histoire, de sciences, d'histoire naturelle, des techniques et d'ethnologie. Aux côtés de ceux relevant de l’histoire des arts (généralement issus de fonds de sociétés savantes ou collectionneurs éclairés), les musées sont désormais en majorité thématiques. Consacrés à une production industrielle locale, à un savoir-faire, à une personnalité, à une particularité géographique, à un évènement historique, à un produit voire à une marque déposée, les musées ont alors à présenter
des collections ou des « expôts » relevant parfois de l’immatérialité. Par « expôt », est entendu un concept désignant tous les objets au sens large, incluant les matériaux visuels, sonores, tactiles ou olfactifs, susceptibles d'être porteurs de sens dans le cadre d’une exposition.
Ainsi, depuis les années 1960-1970 en France, des dénominations ont vu le jour en lien avec ces centres d’intérêt et les nouvelles méthodes de médiation plaçant le visiteur au coeur d’une expérience physique ou sensible de visite : centres d’interprétation, écomusées, maisons de pays, galeries, etc.
Aujourd’hui encore, les « maisons de » ou « espaces de » côtoient les « musées » mais aussi des équipements muséaux et culturels aux dénominations renvoyant parfois simplement à un concept : souvent architectural, il a pour vocation d’inscrire l’institution dans le paysage et le territoire, tout en interpelant locaux et publics de passage.
De nouvelles architectures
Alors qu’aucune muse ne présidait l’architecture, cet art est sans doute le plus lié à l’évolution des musées : de nombreux architectes de renom sont désormais connus du grand public par leurs constructions de musées (Renzo Piano, Franck Lloyd Wright, Zaha Hadid, Franck Gehry…). Ces lieux sont d’ailleurs plus souvent associés à leur architecture qu’à leurs collections.
En parallèle du développement de l’art moderne, les musées ont dû s’adapter dans leur accès, leur visibilité afin d’accroitre leur fréquentation et leur renommée, leurs fonctions d’accueil, de médiation… Les zones de conservation, espace de réserve mais aussi de traitement des collections ou d’études, font partie intégrante des aménagements nouveaux ou réaménagements, bien que non visibles du public. Sans oublier les volumes intérieurs liés à la muséographie, à la scénographie, à la circulation des publics, à l’accessibilité, à la sécurité des oeuvres, à leur mise en valeur, etc.
La construction ou le réaménagement d’un espace muséal relève d’une programmation architecturale où intérieurs et extérieurs sont extrêmement liés afin de donner une identité forte au lieu, d’instituer un fil rouge que l’on retrouvera jusque dans la communication. Finalement, de personnaliser ce lieu tout comme on personnalise la visite afin de répondre aux attentes d’un plus large public mais aussi de solliciter son envie et son intérêt.
Lieu de cohésion social protéiforme
De toutes les institutions culturelles, le musée est peut-être celui qui a connu le plus de renouvellements, aussi bien dans son contenu que dans son contenant. Aux espaces d’exposition habituels sont venus s’adjoindre au fil des décennies de nouveaux services tels que boutiques, restauration, salles de conférences et séminaires, d’animation… Aussi curieux que cela puisse paraitre, cette diversification renvoie à l’origine même du musée, le Mouseîon d’Alexandrie : construit vers 280 avant notre ère, cet ensemble faisait office à la fois de sanctuaire et de foyer de recherches intellectuelles comprenant une grande salle de colloque, des portiques et un cénacle pour les repas. La première collection d’oeuvres d’art était également installée mais de manière accessoire.
En milieu rural, si les espaces dédiés et la fréquentation sont moindres, cette diversité n’est pas en reste, également dans l’approche culturelle proposée. Question de mobilité, de ressources ou simplement de volonté de mises en réseau, les lieux accueillent plusieurs espaces mêlant création, exposition, animation, médiation, partage, échanges. Les interactions entre les publics et les « sachants » sont d’origines anciennes, construites sur le terreau d’un milieu associatif fertile. De même lorsqu’il est question de croisement entre différents arts : des concerts s’inscrivent dans la programmation culturelle d’un musée, tout comme des résidences d’artistes, donnant généralement naissance à des créations participatives avec la population.
« Le musée est un lieu de cohésion sociale, un lieu de mémoire collective » écrivait en 2001 le Centre National de la Fonction Publique Territoriale. Ce n’est sans doute pas par hasard que nombre de « galerie » publiques ou privées ont également vu le jour, mettant ainsi de côté la notion de conservation au profit de celle de la création et du partage d’expériences. Un autre type de transmission.
Rédaction : Adeline Cueilleuse de mémoires
Les Points d'Intérêt qui sont présentés dans cet itinéraire concernent principalement des bâtiments neufs ou ayant eu une intervention architecturale contemporaine.
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